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Petites ailes

6 novembre 2012

Il en faut peu...

article_nutella1Il en faut peu pour faire rebasculer une personne dans les TCA...

Un mot, une remarque, même anodine pour quelqu'un n'étant pas malade. Et j'y ai eu le droit... Mon amie a ramené un pot de Nutella à la maison il y a une semaine ; et j'en ai mangé la moitié.

C'est l'hiver, j'ai froid, j'ai envie de sucre (alors que je suis beaucoup plus salé en temps normal). Et là, pendant que j'étais en train de me réveiller, elle a juste dit "il ne reste déjà plus que ça".

C'est comme si l'épée de Damoclès au dessus de ta tête tombait soudainement de transperçant de part en part.

Je ne peux pas expliquer précisément l'électrochoc que ça crée... d'autant que pour elle c'était à mon avis très loin d'être un reproche ou une condamnation. Mais pour moi c'était tellement une réussite de pas avoir torpiller ce même pot en 2h sous l'effet d'une "crise". J'qualifierai même cela d'exploit...

 

Pour une personne souffrant, les mots ont une importance capitale, hors du commun et probablement bien plus intense que pour d’autres.

C’est ainsi que des mots deviennent des maux…

 

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1 novembre 2012

Le début de mes TCA

L'anorexie chez moi ne s'est pas d'abord manifestée comme une volonté de maigrir à tout prix, mais plutôt comme une façon de montrer que j'allais mal sans avoir à le dire...
Déjà bébé, j'avais eu des problèmes avec la nourriture (dixit mon père). Apparemment, je mangeais tous les 11 jours, et le reste du temps, c'était un peu la corvée. Bien sûr, je n'en ai aucun souvenir...
 
Depuis toujours, j'ai eu des problèmes avec mon corps. Je me souviens à 6ans avoir été l'objet d'une remarque d'un copain du même âge alors qu'on était à la piscine avec l'école.... Ce jour là, je m'en souviens, j'avais un maillot de bain rose... et Christian (la seule personne de ma classe de l'époque dont je me souviens du prénom) m'avait dit « oh mais t'es grosse quand même »... De ce jour-là, j'ai mené une lutte acharnée avec mes parents pour ne pas retourner à la piscine... et ce, jusqu'à la fin de ma scolarité. Toute mon enfance j'ai souffert d'hyperphagie... je me souviens des goûters, où ma mère hallucinait sur ce que je pouvais engouffrer...
 
Bref, le lendemain de la mort de ma mère, arrivée si soudainement, mon père et moi mangions normalement. Puis arrivée à la fin du repas, mon père m'a dit se sentir coupable de manger alors qu'elle, elle s'était suicidée la veille. C'est précisément ce jour-là que j'ai entièrement basculé dans les T.C.A.
De ce jour là donc, j'ai commencé à ne manger qu'une boule de mozzarella par jour... accompagnée de 10 à 20 thés au citron par jour. J'ai tenu ce rythme pendant presqu'un mois, et forcément perdu énormément de poids. J'ai commencé à être insomniaque, hyperactive, à avoir des crampes tellement douloureuses que j'en tombais dans les pommes. Je n'allais plus à la cantine, et quand j'y allais, c'était pour manger un pauvre yaourt... Mais personne ne s'est inquiété... je venais de perdre ma mère, donc mon comportement même s'il n'était pas normal était « justifié ».
 
Et puis un jour, j'étais en cours de philo. J'écoutais la prof comme à mon habitude... sauf que ce jour-là, j'ai commencé à avoir des fourmis dans les doigts. Des fourmis qui se propageaient. Au début je trouvais ça « marrant » car je les sentais progresser, mais que du côté gauche : 1 doigts, 2 doigts, le bras gauche, la poitrine côté gauche, la jambe gauche... J'ai commencé à me dire qu'un truc n'allait pas quand elles ont attaqué mon visage : la joue gauche, l'œil gauche... Je m'acharnais à essayer de me concentrer « ça va passer »...
La panique m'a gagné quand je me suis rendue compte que j'avais la langue, toujours côté gauche remplie de fourmis...
= Paresthésie
 
Je me suis mise à transpirer de panique, mes idées se brouillaient. Ma vue «zoomait» puis «dézoomait», je ne contrôlais plus rien.
=Nystagmus
 
J'essayais d'écouter la prof, mais les mots qu'elle prononçait, même si je les connaissais n'avaient plus de signification. Je ne les comprenais plus.
= aphasie
 
Là, je me suis dit que je devais me bouger. Je ne voulais pas tomber dans les pommes devant tout le monde... J'ai donc demandé à ma pote de m'amener à l'infirmerie. Regard ahurie. Je lui redemande. Encore et encore. J'ai appris par la suite que les mots que je prononçais étaient totalement incompréhensibles... comme un enfant d'un an aurait pu le faire.
J'ai commencé à avoir peur, je me suis donc levée pour y aller seule. Je suis retombée aussi sec sur ma chaise. En fait à ce moment, j'étais hystérique. Je hurlais, pleurais... Mais je ne l'ai pas perçu. Pour moi, j'étais calme. On a du me sortir de la salle avec l'aide de 4 mecs... Je n'avais plus de repère dans l'espace. Je ne savais pas si j'étais assise, debout, couchée... taxie
 
Je ne comprenais plus ce qu'on me disait, j'avais des vertiges et j'étais entièrement paralysée du côté gauche.
= hémiplégie
Arrivée dans le couloir, je ne voulais plus avancer. N'arrivant pas à parler clairement, je me suis laissé tomber par terre. Le temps que ça passe. J'avais un agglutinement de gens autour de moi... qui à priori essayait de me rassurer, mais je ne comprenais pas ce qu'ils disaient, alors je paniquais encore plus. En revanche j'étais moi dans ma tête entièrement lucide « vais-je restée bloquer comme ça ? » « Que m'arrive t-il ? » ... J'avais lu le livre le scaphandre et le papillon... l'histoire d'un homme lucide mais enfermé dans son corps... et j'avais l'impression de vivre ça. Puis je me suis mise à trembler. Trembler très fort. Et trou noir. A mon réveil, je ne comprenais toujours rien, je n'arrivais pas à me faire comprendre. Devant moi j'avais une armée de pompier. J'ai fini par me calmer...
Je comprenais très mal ce qu'on me racontait, mais ça a commencé à revenir. Revenir suffisamment pour comprendre ma prof : elle aussi avait du lire le scaphandre et le papillon... elle m'a demandé de cligner des yeux une fois pour oui, deux fois pour non. J'avais du mal au début à gérer mes clignements, mais de voir qu'elle avait compris que j'étais « bloquée » et que je pouvais communiquer avec les gens grâce à cette méthode m'a fait un bien fou.
 
Paralysée du côté gauche toujours, les pompiers ont du me transporter en civière jusqu'aux urgences, où j'ai été admise de suite. J'ai subi une batterie d'examens. Rien... tout était négatif. Encéphalogramme, IRM, Scan, radios, examens cardiaques... rien.
 
Au final, mes symptômes correspondaient à une crise d'épilepsie, mais aucun examen n'a pu le confirmer. Je suis sortie de l'hôpital, diagnostiquée « épileptique » avec un traitement pour ça... alors que rien ne le prouvait. Pas une seule seconde, je n'ai fait de rapprochement avec mon alimentation et ce malaise... Mes examens sanguins étaient bas, mais dans la moyenne.
Ma non-alimentation est passée totalement inaperçue, et je n'ai même pas pensé à aborder le sujet (j'étais un peu sous le choc). De ce jour là, j'ai des problèmes avec la vision en relief (dans les escaliers) ; je suis incapable de tenir debout les yeux fermés... j'ai des problèmes de langage, mais dès que je suis fatiguée ou un peu stressée, ils se font beaucoup plus importants : confondre les mots par famille (pharmacie au lieu d'infirmerie), ou par consonance (homme au lieu de comme), bégaiements... Au quotidien, ça passe inaperçu... un peu comme si je faisais des lapsus de temps en temps.... et d'ailleurs vous le verrez sans doute de temps en temps sur ce blog.
 
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